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ADIEUX À LA CAMPAGNE[1]


Air : Muse des bois et des accords champêtres (Air noté )


Soleil si doux au déclin de l’automne,
Arbres jaunis, je viens vous voir encor.
N’espérons plus que la haine pardonne
À mes chansons leur trop rapide essor.
Dans cet asile, où reviendra Zéphire,
J’ai tout rêvé, même un nom glorieux.
Ciel vaste et pur, daigne encor me sourire ;
Échos des bois, répétez mes adieux.

Comme l’oiseau, libre sous la feuillée,
Que n’ai-je ici laissé mourir mes chants !
Mais de grandeurs la France dépouillée
Courbait son front sous le joug des méchants.
Je leur lançai les traits de la satire ;
Pour mon bonheur l’amour m’inspirait mieux.
Ciel vaste et pur, daigne encor me sourire ;
Échos des bois, répétez mes adieux.

  1. Cette chanson, faite dans le mois de novembre 1821, fut copiée et distribuée au tribunal le jour de la première condamnation de l’auteur.