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LES SCIENCES



Fatigué des clartés confuses
Qui m’ont égaré bien souvent,
J’allais bannir amours et muses ;
J’allais vouloir être savant.
Mais quoi ! pour une âme incertaine
La science est d’un vain secours.
Gardons Lisette et La Fontaine :
Muses, restez ; restez, Amours.

La nature était mon Armide ;
Dans ses jardins j’errais surpris :
Mais un chimiste moins timide
Règne en vainqueur sur leurs débris.
Dans son fourneau rien qu’il ne jette ;
Des gaz il poursuit le concours.
Ma fée y perdrait sa baguette :
Muses, restez ; restez, Amours.

J’ai regret aux contes de vieille
Quand un docteur dit qu’à sa voix
Les morts lui viennent à l’oreille
De la vie expliquer les lois.
De la lampe il voit la matière,
Les ressorts, le fond, les contours ;