Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/226

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Peins-nous ses feux, qu’en secret tu redoutes,
Quand sur ton sein s’exhale son nectar,
Ses feux infects dont s’indignent les voûtes
Où plane encor l’aigle du grand César.

Ton sexe faible est oublieux des crimes :
Mais, dans ces murs ouverts à tant de peurs,
N’entends-tu pas des ombres de victimes
Mêler leurs cris à tes soupirs trompeurs ?

Sur le tyran et sur toi le ciel gronde ;
Avec les siens ne confonds plus tes jours.
Ah ! trop souvent la liberté du monde
A d’un long deuil affligé les Amours.

Viens parmi nous, qui brillons de jeunesse,
Prendre un amant, mais couronné de fleurs ;
Viens sous l’ombrage, où, libre avec ivresse,
La volupté seule a versé des pleurs.