Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/29

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        Au parloir témoin de mes larmes,
        Le roi de carreau vient souvent.
        C’est un prince épris de mes charmes ;
        Il m’enlève de mon couvent.
Par des cadeaux son altesse m’entraîne
        Jusqu’à sa petite maison.
La nuit survient, et je suis presque reine.
        Les cartes ont toujours raison,
        Toujours raison, toujours raison.

        Je suis le prince à la campagne ;
        On vient lui parler contre moi.
        En secret un brun m’accompagne ;
        Tout se découvre ; adieu mon roi !
Un de perdu, j’en vois arriver douze ;
        J’enflamme un campagnard grison :
Je suis cruelle, et celui-là m’épouse.
        Les cartes ont toujours raison,
        Toujours raison, toujours raison.

        En ménage d’une semaine,
        Dans un char je brille à Paris.
        C’est le roi de trèfle qui mène ;
        Mon mari gronde, et je m’en ris.
Dieu ! l’amour fuit à l’aspect d’une vieille !
        En ai-je passé la saison ?
Eh ! non vraiment, c’est maman qui s’éveille.
        Les cartes ont toujours raison,
        Toujours raison, toujours raison.