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À MES AMIS DEVENUS MINISTRES


d*. Qui, regrettant son hôtel ou son chaume.

À l’époque où cette chanson fut faite, MM. Laffitte et Dupont (de l’Eure) faisaient encore partie du ministère.




ÉMILE DEBRAUX.


e*. Émile Debraux est mort au commencement de 1831, à l’âge de trente-trois ans. Peu de chansonniers ont pu se vanter d’une popularité égale à la sienne, qui, certes, était bien méritée. Les chansons de la Colonne ; Soldat, t’en souviens-tu ? Fanfan la Tulipe ; Mon petit Mimile, etc., ont eu un succès prodigieux, non seulement dans les guinguettes et les ateliers, mais aussi dans les salons libéraux.

L’existence de Debraux n’en resta pas moins obscure ; il ne savait ni se faire valoir, ni solliciter. Pendant la Restauration, il se laissa poursuivre, juger, condamner, emprisonner, sans se plaindre, et je ne sais si une seule feuille publique lui adressa deux mots de consolation. Souvent il fut réduit à faire des copies et à barbouiller des rôles pour nourrir sa femme et ses trois enfants.

Les sociétés chantantes, dites Goguettes, le recherchèrent toutes, et je crois qu’il n’en négligea aucune. Si, dans ces réunions, Debraux se laissa aller à son penchant pour la vie insouciante et joyeuse, il faut dire que par des soins utiles elles adoucirent ses derniers moments, rendus si pénibles par une maladie longue et douloureuse.

Sa pauvre famille n’a obtenu que d’incertains et faibles secours dans la répartition faite par le Comité des récom-