Tant qu’on le pourra, larirette,
On se damnera, larira,
il ne faut pas prendre cela au sérieux ; c’est le propre de la chanson : elle admet,
Qu’au doux bruit des verres,
D’un dessert friand,
On chante et l’on dise
Quelque gaillardise
Qui nous scandalise
En nous égayant.
« Mais il est temps d’arriver au troisième chef d’accusation : Le délit d’offense à la personne du roi.
« En abordant cette nouvelle question, remarquons d’abord, messieurs, que ce qui est dit des rois en général ne peut pas donner matière à procès. Il faut que l’écrit attaque la personne même du monarque ; que le trait qui lui est lancé soit direct, et qu’il soit de nature à constituer une offense.
« Une offense ! que dis-je ! dans la haute région où ils sont placés, les rois devraient-ils se tenir offensés par des chansons ? Et ne conviendrait-il pas mieux à leur auguste caractère d’imiter ces triomphateurs romains qui, contents de monter au Capitole, souffraient, sans se plaindre, les refrains, souvent trop véridiques, des soldats qui marchaient à côté de leur char ?
« Les ministres rendent-ils véritablement service au prince en faisant intenter sous son nom de pareils procès ?
« Un roi d’Angleterre, voyant pendre quelques garnements, demanda ce qu’ils avaient fait ? — Ce qu’ils ont fait, sire, ils ont fait des vers contre vos ministres ! — Les maladroits ! dit le monarque ;