LES DIX MILLE FRANCS
Dix mille francs, dix mille francs d’amende l !
Dieu ! quel loyer pour neuf mois de prison !
Le pain est cher et la misère est grande,
Et pour longtemps je dîne à la maison.
Cher président, n’en peut-on rien rabattre ?
« Non ! non ! jeûnez et vous et vos parents.
« Pour fait d’outrage aux enfants d’Henri-Quatre m,
« De par le Roi, payez dix mille francs. »
Je paierai donc ; mais, las ! que va-t-on faire
De cet argent que si bien j’emploierais ?
D’un substitut sera-t-il le salaire ?
D’un conseiller paiera-t-il les arrêts ?
Déjà s’avance une main longue et sale :
C’est la police et ses comptes courants.
Quand sur ma muse on venge la morale n,
Pour les mouchards comptons deux mille francs.
Moi-même ainsi partageant ma dépouille,
Sur mon budget portons les affamés.
Au pied du trône une harpe se rouille :