Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/320

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position ? Est-ce un fâcheux travers d’esprit, une manie déplorable de voir toujours le mal dans le bien ; ou le sieur de Béranger ne ferait-il qu’obéir aux inspirations d’un esprit de licence et de révolte dont il serait dominé ?

« L’arrêt de la cour, dont lecture vient de vous être donnée, accuse les prévenus de plusieurs délits : 1o outrage à la morale publique et religieuse ; 2o outrage à la religion de l’état ; 3o offenses envers la personne du roi ; 4o attaque à sa dignité royale ; 5o excitation à la haine et au mépris de son gouvernement.


« Pour justifier ces différents chefs de prévention, nous pourrions nous borner à vous dire, en vous présentant les vers incriminés : Prenez et lisez, tant les délits nous paraissent manifestes et palpables, tant il est facile aux esprits les moins exercés d’apercevoir et de sentir tout l’odieux des allusions, toute la grossièreté des outrages.

« Mais, quelque dispensé que nous nous croyions de recourir à l’interprétation, qu’il nous soit permis toutefois d’essayer par quelques réflexions de faire ressortir l’évidence.

« Les huitième et neuvième couplets de la chanson intitulée l’Ange Gardien[1] vous sont présentés comme renfermant deux délits : outrage à la religion de l’état, outrage à la morale publique et religieuse. En voici le texte :


Vieillard affranchi de regrets,
Au terme heureux enfin atteins-je ?
Oui, dit l’ange, et je tiens tout prêts,
De l’huile, un prêtre et du vieux linge.

  1. Tome II, p. 322.