La royauté, veuve de pompe,
N’étale plus que des haillons ;
Pourtant du peuple, qui s’y trompe,
La couronne obtient des millions.
Plus d’un roi qui l’écorne
Tend ce vieil oripeau,
Comme un gueux, sur la borne,
Aux sous tend son chapeau.
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
Quoi ! le poëte à la richesse
Fait sacrifice de ses goûts !
Frais parvenus, vieille noblesse,
Pêchent l’or aux mêmes égouts.
Le joueur suit ses pontes,
Le pauvre un numéro ;
Hélas ! et que de comptes
Soldés par le bourreau !
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
Venez ; la fortune vous guide,
Sa voix vous révèle un trésor ;
À Bondy, dans un lac fétide,
Elle cache des monceaux d’or.
En vain l’odeur révolte,
Un roi court le premier.
Point de riche récolte
Sans beaucoup de fumier.
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !
Tous, oui, tous, dans l’infecte mare,
Criant : De l’or ! plongent soudain.
Moi, j’en pleure, et la foule avare
Raille mes pleurs et mon dédain.
Vieux de la république,
Vieux de Napoléon,
Allez, troupe héroïque,
Fermer le Panthéon.
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Banquiers, corsaires
Et faussaires ;
Gens titrés,
Lettrés,
Mitrés,
Accourez, accourez !