Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/581

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À l’un on va par la pensée ;
Vivants ou morts, l’autre est en nous.
De l’un l’âme est la fiancée ;
De tous les corps l’autre est l’époux.

Prophète, ces gens déraisonnent.
Ils prédiront, dans leurs regrets,
Qu’au sol où les tyrans moissonnent
Ton culte fournira l’engrais.
Plus d’un républicain le pense,
Aveugle qui préfère encor
Au panthéisme à large panse
Le mysticisme aux ailes d’or.

Ne connais-tu pas Don Quichotte ?
Voilà l’esprit pur, lance au poing.
Son écuyer boit, mange et rote ;
C’est la chair en grossier pourpoint.
Pour que Sancho nous moralise,
Entre la broche et le cellier,
Sous les dalles de notre église
Enterrons le preux chevalier.

Gloire au grand Pan ! qu’il soit fétiche,
Loup, bœuf, ibis, singe, éléphant ;
Qu’il soit cet Olympe si riche
En symboles d’un monde enfant.
Qu’il soit Phallus ! Vois, ô mon maître !
Les fêtes qui vont avoir lieu.
De ton Dieu que de dieux vont naître !
Puisqu’il est tout, tout sera Dieu.