Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/628

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Longtemps par elle a surnagé la race
Des nations que lui soumit le sort.
Né de leur sang, vieux Breton, plains sa mort,
Dernier soupir d’un monde qui trépasse.
Sous un ciel sombre et les vents et les flots
Poussent au loin de funèbres sanglots.

                            LE PRÊTRE.
Quoi ! pur esprit, vous allez sur sa tombe
Vous joindre aux dieux, mensonges du passé ?
                                L’ANGE.
Hors le grand Dieu, tu le vois, tout succombe.
Crains pour le temple où la foi t’a bercé,
À tes autels si déjà l’homme insulte,
Prêtre, à la fée accorde quelques pleurs,
Et viens m’aider à suspendre ces fleurs
Sur l’humble fosse où descend tout un culte.
Sous un ciel sombre et les vents et les flots
Poussent au loin de funèbres sanglots.