Page:Béranger - Ma biographie.djvu/158

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lutionnaires, même le bris des cloches et les vertus de Marat. Tombé dans le besoin à la Restauration, Piis courait après une pension que malheureusement il ne put obtenir. Il n’était certes pas méchant homme, et, s’il abusa de l’autorité que, sous l’Empire, lui donnait sa place de secrétaire général de la préfecture de police, ce ne fut que lorsqu’il s’avisa d’envoyer à bon nombre de personnes des exemplaires de ses œuvres complètes[1]. Qui eût osé refuser de prendre et de payer les huit volumes in-octavo ? Il avait chargé des gendarmes de faire cette distribution à domicile. Plaignons l’auteur qui a besoin de pareils commis libraires, surtout lorsqu’il survit à une réputation qui avait eu de l’éclat.

Malgré mes préventions contre les associations plus ou moins littéraires, je fus vivement touché de la bienveillance et des applaudissements qui m’accueillirent au Caveau. Dès ce jour, ma réputation de chansonnier se répandit à Paris et dans toute la France. Il ne fut pas possible néanmoins de me faire longtemps illusion sur les inconvénients d’une réunion d’hommes livrés à une vie si différente de mes habitudes, quels que fussent le mérite littéraire et les qualités personnelles de beaucoup d’entre eux.

  1. Chansons choisies, 2 vol. in-12 (1806) ; Œuvres choisies, 4 vol. in-8 (1810). C’est de ce dernier recueil que parle sans doute Béranger ; il n’y a point eu d’édition des œuvres complètes de Piis.