Page:Béranger - Ma biographie.djvu/193

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trigues préparées de longue main qui l’occupèrent exclusivement pendant la durée du ministère que lui confia Napoléon après le 20 mars. Rouvrir les portes de la capitale aux Bourbons paraît avoir été son unique pensée. Pour cela, correspondre avec Talleyrand, Metternich, Wellington, même avec Louis XVIII ; mettre partout des émissaires en campagne, prodiguer les séductions, effrayer les timides, passer marché avec les traîtres, rien ne coûtait à cet homme audacieux.

Entre autres moyens qu’il employa, j’en vais citer un qui tient de la comédie.

Une députation de Paris, envoyée au camp ennemi pour négocier, ayant demandé qu’on lui adjoignît Manuel, devenu l’orateur le plus influent de la Chambre des représentants, et qui avait eu, à Aix, des relations avec Fouché, celui-ci, redoutant le patriotisme du tribun, fit partir à sa place, et sous le nom de Manuel, que ces pairs ne connaissaient pas, un de ses secrétaires, nommé Fabri, membre aussi de la seconde Chambre. M. le comte de Valence[1] était un des pairs ainsi mystifiés, et je l’ai vu moi-même, plusieurs années après, arrivant chez Manuel, qu’il venait consulter comme avocat, surpris de ne pas retrouver en lui l’homme avec qui il croyait avoir

  1. Gendre de madame de Genlis.