Page:Béranger - Ma biographie.djvu/201

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injurieuse des Prussiens n’ôtèrent rien à Louis XVIII du plaisir de régner de nouveau. Il pardonna à tous ceux dont il n’espérait pas pouvoir se venger. Les légitimistes, également peu soucieux de nos affreux désastres, n’en dansèrent pas moins sous ses fenêtres en mêlant à leurs chants d’amour pour le petit-fils d’Henri IV des cris de haine contre ceux qui, l’ayant entendu jurer qu’il mourrait sur les marches de son trône, ne purent s’empêcher de rire de sa fuite, dans la nuit du 19 au 20 mars. Ces cris étaient le signal d’une réaction longue et sanglante dont Louis XVIII laissa peser presque tout l’odieux sur ses partisans et même sur les membres de sa famille, mais qu’il voulut avoir seul l’honneur de faire cesser, quand il crut qu’il y avait danger à augmenter le nombre des victimes.

Cet homme avait le cœur faux et méchant ; il est le seul des Bourbons que nous avons connus qui ait mérité cette accusation. Charles X, à part ses entêtements politiques et religieux, qui l’ont perdu et qui eussent pu nous devenir funestes, a laissé en France la réputation d’un homme facile et bon, digne d’avoir des amis, comme en effet il en eut plusieurs qui lui restèrent attachés. Son frère n’eut que des favoris.

Il était sans entrailles pour sa famille, au point d’avoir passé pour l’auteur d’une protestation contre