Page:Béranger - Ma biographie.djvu/219

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plus de profit à faire avec eux. À peu près au temps de mes débuts, Henri de la Touche[1] me fit plusieurs fois de judicieuses observations, qui m’ont rendu grand service. Aussi suis-je souvent retourné à ce vrai poëte, grand faiseur de pastiches. Je l’ai souvent appelé l’inventeur d’André Chénier, dans les œuvres duquel il est au moins pour moitié ; car j’ai entendu Marie-Joseph déplorer qu’il y eût si peu de morceaux publiables dans les manuscrits laissés par son frère. Ce qu’il y a de singulier, c’est que les vers placés à la fin du volume, et que le geôlier est censé interrompre, n’aient pas ouvert les yeux des juges de sang-froid. Tout le monde sait pourtant aujourd’hui que ces vers sont de la Touche[2].

  1. Hyacinthe Thabaud de la Touche, dit Henri de la Touche, éditeur d’André Chénier, né à la Châtre, le 2 février 1785, mort à Aulnay, près Paris, le 9 mars 1851. Il était neveu du sénateur Porcher de Richebourg, et fut, sous l’empire, employé dans les bureaux de Français de Nantes. À partir de 1815, il vécut de sa plume et l’employa au service du parti libéral. Son esprit, très-fin et très-délicat, n’a pas toujours été bien servi par son talent. C’était un excellent critique. Henri de la Touche a ouvert la carrière à madame Sand, qui lui a consacré, dans le Siècle des 18, 19 et 20 juillet 1851, une notice nécrologique fort intéressante. Il fut assez longtemps le rédacteur en chef de l’ancien Figaro, et n’y ménagea la satire à personne. La fin de sa vie a été silencieuse : il est mort dans la retraite, à côté de son amie, mademoiselle Pauline Flaugergues, qui a conservé sa propriété d’Aulnay.
  2. On a reproché à Béranger ce passage de Ma Biographie comme si c’était la marque qu’il n’entendait pas André Chénier, ou que sa gloire lui était importune. La vérité est que Henri de la Touche, dans