Page:Béranger - Ma biographie.djvu/231

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son renversement en 1814. M. Régnaud y mit de l’empressement et me chargea de répondre aux amis et aux parents de M. Bellart qu’il pouvait rester sans crainte à Paris. Il ne profita pas de cet avis, il est vrai ; mais il ne put ignorer les démarches que j’avais faites. Pour tout dire, une question de jurisprudence dominait dans ce nouveau procès, motivé par la publication que Dupin avait fait faire, sous mon nom et à mon profit, des pièces de la première procédure. Le cas était nouveau et les hommes les plus éclairés avaient approuvé cette publication, qui me permettait de compléter mon recueil mutilé par le jugement, en publiant, à chaque nouvelle édition, les réquisitoires où se trouvaient les chansons et les couplets condamnés. Le parquet sentit la portée de cette tentative, et je revins m’asseoir de la prison sur la sellette, avec Baudoin, l’imprimeur, ayant encore Marchangy pour accusateur et Dupin pour avocat. Jamais client, gratuitement défendu, n’a donné plus d’embarras à son défenseur ; car je dois dire que Dupin ne consentit à se charger de mes causes qu’à la condition qu’il ne serait pas question d’honoraires, conduite généreuse que Barthe[1] renouvela lors de mon dernier procès.

  1. Plusieurs fois ministre après 1830, premier président de la cour des comptes, sénateur.