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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/281

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toutes les administrations, grandes et petites, et pre-

    vrages, conservons-en le lexique. Je voudrais enfin des exemples ajoutés à chaque définition, choisis avec grand soin et dans un but d’utilité autant que possible.

    « Je pense qu’un pareil livre ne serait pas le double en grosseur du Dictionnaire de l’Académie, dont on peut émonder le tiers, en ôtant les inutilités. Qu’on se rappelle ce que Boileau disait de cet ouvrage si médiocrement conçu et exécuté : Notre Dictionnaire va paraître, nous n’avons plus qu’à nous cacher. C’est pourtant cette œuvre, dont rougissaient Boileau et Racine, que nos beaux esprits s’obstinent à continuer. Je me demande toujours comment les hommes comme MM. Daunou et Nodier* (et j’en pourrais citer plusieurs autres) peuvent se rendre complices de ce crime de lèse-nation.

    « Ah ! monsieur, dénué de coterie et d’intrigues comme vous l’êtes, si vous pouvez jamais, à force de mérite, arriver à prendre rang dans le sénat littéraire, et qu’il vous semble qu’il y ait quelque chose de bon dans mes idées, privées de science, puissiez-vous avoir assez de caractère pour les mettre en valeur ! Si j’avais eu cette force de volonté qui triomphe de l’inertie et de la routine, je crois que j’aurais tenté d’être de l’Académie, pour y introduire le culte de la langue, comme je voudrais le voir régner dans nos colléges, où il est si négligé. J’aurais surtout voulu appeler le gouvernement à donner son appui à cette grande œuvre ; ce serait à lui de fournir les fonds nécessaires, car il ne s’agirait plus d’une publication commerciale au profit des Quarante ou de leur imprimeur. Je voudrais qu’il y eût dans chaque mairie un dictionnaire et quelquefois plusieurs, suivant l’étendue de la commune. J’en voudrais dans chaque établissement public du gouvernement, pour que ce livre, égal en valeur à tous les autres codes, pût être feuilleté par tout le monde. Vous voyez, d’après cela, combien la définition des choses y deviendrait utile et fécondante. Quant à la publication, je voudrais que chaque feuille fût d’abord affichée, pour obtenir les corrections des doctes et même des écoliers, comme autrefois faisaient les vieux maîtres. Mais surtout, je le répète, c’est à