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Page:Béranger - Ma biographie.djvu/288

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PREMIÈRE PRÉFACE (1815)


Note I. — Au titre.


Cette préface, que le libraire Eymeri exigea, se trouve en tête du volume de chansons publié chez lui en novembre 1815 et qui porte la date de 1816. Ce volume, qui contenait à peu près les quatre-vingts premières chansons des éditions postérieures, ne donna lieu contre l’auteur à aucune poursuite, et l’on ne parut même pas penser alors à lui ôter la modique place d’expéditionnaire qu’il occupait dans les bureaux de l’Université depuis 1809.

Plusieurs de ces chansons furent pourtant incriminées en 1821, lors de la réimpression et malgré la prescription invoquée.

Longtemps après la publication de ce premier volume, on fit savoir à Béranger que, s’il en publiait un second, où se trouveraient les nouvelles chansons qui couraient manuscrites ou disséminées dans quelques recueils, on se verrait contraint de lui ôter sa place. Cette espèce de menace ne l’empêcha pas de faire cette publication, dont le premier résultat fut de lui ravir son seul moyen d’existence. Il est vrai d’ajouter que la vogue de cette seconde publication fut telle, qu’il en tira de quoi satisfaire à des besoins que son amour de l’indépendance a toujours su modérer. Aussi a-t-il souvent répété qu’il s’était corrompu dans la prison de Sainte-Pélagie, parce qu’il y avait eu, pour la première fois de sa vie, des rideaux à son lit et du feu. Il ajoutait, en sortant de la Force, après neuf mois de détention, que là il avait pris l’habitude d’être servi, lui qui, jusqu’alors s’était presque toujours servi lui-même. (Note de Béranger.)