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propres affaires, il fallait que le genre qu’on disait être l’expression des sentiments populaires prît enfin tous les tons pour répondre à ces mêmes sentiments. L’éloge de l’amour et du vin ne devait être le plus souvent que le cadre des idées qu’il fallait que la chanson exprimât désormais, au moins à une époque où toutes les circonstances un peu importantes réagissaient sur des masses nombreuses et sur des individus plus éclairés. (Note de Béranger.)


Note XLIX. — Au sous-titre.

Peu de temps après la seconde Restauration, Désaugiers fut nommé directeur du théâtre du Vaudeville. Béranger voyait encore fréquemment cet homme aimable, qui, jusque-là, avait semblé respecter les opinions de ceux qui ne pensaient ni n’agissaient comme lui. Il se fit un plaisir de lui adresser cette chanson, où à des éloges mérités se mêlaient quelques idées patriotiques.

Dans les éditions de 1821 et suivantes, Béranger eût éprouvé de la peine, quoique toute intimité eût cessé entre Désaugiers et lui, à effacer le mot ami, placé en tête de cette chanson. Il connaissait trop bien Désaugiers pour lui en vouloir de quelques torts de conduite, qui tenaient à la faiblesse de son caractère, et que même il n’aurait jamais eus, s’il n’eût été entouré que d’amis véritables. Ce joyeux chansonnier fit lui-même savoir à Béranger combien il regrettait de n’avoir pas continué d’être en rapport avec lui. Ce regret était partagé. Mais un des résultats les plus tristes des dissensions politiques, c’est que, non-seulement elles divisent les hommes les plus faits pour s’aimer, mais que le temps, en rapprochant enfin les partis les plus opposés,