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L’imprimeur fut effrayé par ces deux méchants vers, auxquels Béranger tenait peu, et demanda qu’on les laissât en blanc. Contre son habitude, l’auteur s’empressa d’y consentir, voyant bien quel parti la malice publique tirerait de cette lacune. Il ne s’était point trompé, et ces blancs furent matière à la plus vive accusation de la part de Marchangy. Rien de plus plaisant et en même temps de plus odieux que de l’entendre accuser le silence de l’auteur à propos de ces deux lignes de points. Dupin tira un excellent parti de ce passage du réquisitoire.

Béranger n’eut jamais envie de rétablir les deux vers, tant ils lui semblaient au-dessous de l’idée que le public s’en était faite.

Les deux ministres nommés dans le cinquième couplet sont MM. Siméon et Pasquier. (Note de Béranger.)


Note LXXXIX. — Au sous-titre.

Le préfet de police Anglès et tous ses successeurs ont déclaré la guerre aux réunions chantantes. Celles qu’on nomme goguettes, presque uniquement composées d’hommes d’industrie et de commerce, et même d’un grand nombre d’ouvriers, sont surtout l’objet des craintes de ces magistrats. Le patriotisme anime ces réunions, mais il n’en est pas le seul esprit. On serait étonné de la quantité de jolis couplets, même de chansons piquantes et correctement tournées, qui, chaque année, sortent de ces réunions, qui, presque toutes, ont lieu au cabaret ou dans les guinguettes aux portes de Paris. Béranger a dû en grande partie la vogue dont il a joui à l’espèce de culte que ces sociétés professaient pour lui. Il devait donc prendre parti en leur faveur quand parut l’ordonnance de M. Anglès.