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APPENDICE


Lorsque Béranger écrivit, non sans beaucoup hésiter, cette histoire de sa vie, si courte et si modeste, il n’eut pas la pensée que l’on y viendrait chercher des souvenirs d’un autre genre que ceux qui se rattachaient directement à ses chansons et à son rôle littéraire. C’est déjà beaucoup qu’il se fût résigné à entretenir le public aussi longtemps. N’a-t-il pas dit qu’après leur génie, ce qu’il enviait le plus aux grands écrivains du siècle de Louis XIV, c’est l’espèce d’obscurité dont ils surent envelopper leur existence, ne se faisant pas du bruit de leur nom un besoin de chaque instant et sachant vivre dans le silence avec autant de dignité et plus de simplicité qu’au milieu des applaudissements de la foule ?

Nous avons de la peine à comprendre ce dédain, si naturel chez Béranger, et si profondément philosophique, de tout ce qui est le bruit et de ce qu’on appelle la renommée. Il avait mis sa gloire à tirer de sa pensée tout ce que pouvait, pour le profit de la patrie et de l’humanité, y puiser le génie des vers, et il ne concevait pas qu’il y eût de satisfaction à chercher ailleurs que dans l’accomplissement du devoir. Il arrêta donc, aussitôt qu’il le crut possible, les récits de son histoire, et, dans