Page:Béranger - Ma biographie.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de nouveau compromise ; il saisit avec empressement cette occasion, fit le sacrifice de son jardin à sa conscience, et, quoi que pussent dire et faire ses amis affligés, il alla chercher à Tours même une habitation plus modeste.

De cette époque datent deux chansons de Béranger qui n’ont pas été placées dans le recueil de ses Dernières Chansons. Au moment où s’imprima ce recueil, on craignit que l’accent qui les anime ne parût trop dur, parce que les vers du poëte frappaient un gouvernement tombé et des mœurs politiques que la Révolution de 1848 avait déjà châtiées. Béranger avait laissé toute latitude à ceux de ses amis qui devaient être consultés alors ; il les avait même priés d’effacer de son œuvre ce qui leur paraîtrait ou trop faible ou inutile. Le seul souci de sa gloire les guida dans la lecture qu’ils firent de son manuscrit, et de tout le recueil on n’écarta que cinq chansons : deux, la Belle Fille et la Petite Bouquetière, comme imparfaites ; une autre, la Rime, que nous placerons plus loin, et deux pièces, Bondy et Vermine, que l’on ne crut pas devoir publier, pour ne pas blesser des vaincus.

Voici ces deux dernières chansons. C’est la satire énergique des vices du gouvernement qui régit la France de 1830 à 1848.


BONDY
Air : C’est l’amour, etc.


                    Gens titrés,
                        Lettrés,
                        Mitrés,
                Banquiers, corsaires
                    Et faussaires ;
                    Gens titrés,
                        Lettrés,
                        Mitrés,
        Accourez, accourez !

Bis.