Page:Béranger - Ma biographie.djvu/431

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NOTE



Béranger ne ressemblait guère à la plupart des portraits qu’on a donnés de lui. Nous avons mis dans ce livre une gravure à l’eau-forte d’un dessin de Charlet, qui date de 1834 et qui est un croquis d’une grande vérité.

Il semble que les écrivains aient pris à tâche d’être encore moins fidèles à la vérité dans leurs descriptions que les artistes dans leurs figures. À en croire des esquisses récentes, on se tromperait fort sur la physionomie de Béranger et les habitudes de sa vie privée. Rien en lui ne sentait, comme on l’a dit, l’homme qui a voulu vivre dans une retraite trop étroite, et il n’avait de rustique que ce que Chateaubriand a loué en lui, je ne sais quelle franchise peinte sur le visage.

Sa taille, fort exactement proportionnée, atteignait à peine cinq pieds un pouce, mais sa tête le grandissait d’une coudée, et c’était sur cette tête seule que le regard se portait. Elle était forte et d’une structure tout à fait extraordinaire : la boîte osseuse du cerveau était d’une capacité singulière[1] et s’avançait vers le front comme si elle eût contenu avec peine une pensée trop puissante. Dès vingt-trois ans, Béranger était devenu chauve ; il avait gagné cet air si doux dans la jeunesse

  1. Circonférence, 0m,59 ; plus grande longueur, 0m,21.