Page:Béranger - Ma biographie.djvu/45

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des ennemis à la France. Et moi, pauvre petit patriote, il me fallait porter sérieusement cet or aux conspirateurs, qui, je dois le dire à ma décharge, me paraissaient en user plus pour leurs besoins particuliers que pour l’accomplissement de leurs projets. Je dois dire aussi qu’il y a eu peu de conspirateurs royalistes à meilleur marché : ceux-ci se contentèrent de deux cent mille francs.

M. de Bourmont, caché à Paris, pour se mettre sans doute à la tête du mouvement, en cas de réussite, me parut de tous les hommes du parti le seul qui eût quelque valeur, quoiqu’il fût bien jeune encore et qu’on eût pu le prendre pour une femme déguisée. J’allai le voir, rue des Marais-du-Temple, où il avait trouvé une sûre retraite, au milieu de vastes jardins. J’étais étonné de sa hardiesse et de son habileté à dépister la police. Quant aux autres conspirateurs, j’en faisais le but de mes épigrammes, qui portaient assez juste pour amuser mon père lui-même.

La découverte de cette conspiration le fit arrêter avec ses chefs et leurs complices. Jugé comme eux par un conseil de guerre, il fut acquitté faute de preuves suffisantes.

Pendant sa détention, contraint de le suppléer, je fis pour près de deux cent mille francs d’affaires. C’est alors que, ravi de mes talents financiers, il