Page:Béranger - Ma biographie.djvu/51

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lui donnent d’avantages sur le commun des hommes. Pendant la Terreur, il a été protégé par les révolutionnaires, et il a laissé passer une tempête qui devait le délivrer de ses plus cruels ennemis.

— Quand compte-t-il donc faire valoir ses droits ?

— Attendez, attendez. Un homme a déjà paru qui semble prédestiné à lui rendre le trône.

— Serait-ce Bonaparte ?

— Justement, il n’est pas ce qu’on croit, et vous en saurez davantage. »

L’histoire du Masque de fer m’avait trop souvent préoccupé pour que je fusse tenté de rire de la bonne foi avec laquelle le vieux chevalier venait de m’expliquer cette inexplicable histoire. Ce qui surtout m’en plaisait, c’était le parti que j’en allais tirer dans mes éternelles discussions avec mon père. En effet, au premier prône en faveur de nos maîtres légitimes, je défile cette merveilleuse narration à mon père et à plusieurs royalistes, dont j’avais exprès attendu la présence.

« Quelle folie s’écrie mon père ; qui t’a pu faire un pareil conte ?

— M. de la Carterie. »

À ce nom le pauvre homme fut abasourdi.

« Quoi dit-il, lui, qui m’avait promis de te guérir de ta républicomanie ! »

Ses amis, en voyant sa déconvenue, traitèrent le