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de rapporter une lettre en couplets, comme j’en ai écrit beaucoup, et que je lui adressai à l’occasion d’un Te Deum chanté à Notre-Dame[1], devant tous les rois courtisans de Napoléon. J’avais un billet d’entrée.


Dimanche, nous verrons cinq rois
Faire oublier Dieu dans l’église.
Ils m’y chercheront, je le crois,
Et j’ai fait blanchir ma chemise.
J’ai le chapeau, j’ai l’habit noir,
J’ai des bas fort bons pour la crotte,
J’aurais tout ce qu’il faut avoir,
S’il ne fallait pas de culotte.

Vive la femme de bon sens
Qui culottait l’Académie
Des neuf sœurs, et je m’en ressens,
Bien différente est la manie.
Entre nous, amis, je crois peu
À leur vertu qui nous assotte,
Car ces dames se font un jeu
De voir leurs amis sans culotte[2].

  1. Le dimanche 5 décembre 1809. Napoléon était revenu récemment de Vienne. Les rois de Saxe et de Wurtemberg, Murat et Jérôme l’attendaient.
  2. Dans l’original de cette pièce, qui a été retrouvé dans les papiers de Wilhem (Corresp. de Béranger, t. I, p. 102), le second couplet de cette chanson est ainsi tourné :
    Vive cette bonne Geoffrin
    Qui culottait l’Académie !
    Des neuf sœurs, et c’est mon chagrin,
    Bien différente est la manie ;