Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/100

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le conte devient invraisemblable. Un public de terriens, qui ne connaît pas d’expérience l’odeur des phoques, se laisserait prendre encore à de pareilles sornettes. Mais à un public de marins, qui connaît l’intolérable puanteur de ces monstres, venir raconter que l’on s’est mis en embuscade sous des peaux de phoques fraîchement écorchés !

L’ambroisie, dans les poèmes homériques, est la nourriture divine qui donne, comme son nom grec l’indique, l’immortalité. Le nectar et l’ambroisie sont la boisson et le manger des dieux, et c’est parce qu’ils mangent l’ambroisie que les dieux vivent éternellement : un homme qui goûterait l’ambroisie participerait aussitôt à l’immortalité. Devant Ulysse, qui ne veut pas rester chez elle éternellement, Calypso place les mets et les boissons des hommes ; mais ses servantes lui servent, à elle, nymphe immortelle, le nectar et l’ambroisie. Pendant les sept ans qu’Ulysse reste chez elle, cette amoureuse obstinée voudrait faire de lui son époux et lui conférer l’immortalité ; il accepte de porter les vêtements immortels qu’elle lui avait donnés ; mais il veut rester un simple mortel ; il veut retrouver sa mortelle Pénélope : il refuse donc obstinément l’ambroisie.

Nektar et ambroisie, de ce couple inséparable, le premier terme est indiscutablement un