Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/117

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Cette belle forêt n’est que la continuation de celle de Fossa Nuova, où croissent des chênes, des chênes verts ou lièges et des ormes de toute beauté. Par endroits, de grandes lianes courent d’un arbre à un autre : on pourrait se croire dans quelque forêt de l’Amérique… De temps à autre, nous rencontrions un buffle égaré, que notre guide chassait à grands coups de gaule vers l’apparence de sentier que nous suivions. Dans les endroits les moins fourrés, nous entendions des grognements et nous avons vu passer, à plusieurs reprises, des bandes de sangliers qui vivent dans ces marécages comme dans une terre promise. Des aigles et des pyrargues volaient dans les clairières et donnaient la chasse aux palombes et aux canards qui s’envolaient par bandes nombreuses au milieu des roseaux.

Circé porte un nom grec, kirké, qui signifie « épervière » : l’Ile de Kirké, Nèsos Kirkès, est l’Ile de l’Épervière. Sur un promontoire voisin, les Anciens eurent leur ville de l’« autour », Astura, qui subsiste aujourd’hui ; ils croyaient que l’aigle marin avait donné son nom à une autre ville voisine, Gaète ; un autre promontoire voisin garde le nom de Vulturno : c’est le cap du « vautour ». Cette côte a toujours été peuplée d’oiseaux de proie : la forêt giboyeuse, les lagunes et la mer poissonneuses et les Marais, peuplés de toutes les bêtes et bestioles de terre et d’eau, offrent aux rapaces une abondante nourriture.