Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les deux vocables d’un seul terme géographique, il est enclin à les séparer pour faire de la Messapie et de la Iapygie deux caps, deux côtes, deux régions.

Comparez encore la traduction « Ile Petite » Nèsos Lacheia, que nous donne l’Odyssée, et la traduction « Ilot », Nèsis (Nisida), que, depuis l’arrivée des Hellènes dans les eaux napolitaines, nous a conservée l’usage populaire, pour le nom de cette île des Cyclopes dont nous ignorons l’original sémitique. Comparez le Port Creux du Poète, Limen Glaphyros, et la Faucille des périples grecs, Zanklon, — deux noms de même valeur donnés à cette rade de Messine que protège une presqu’île coudée, le Bras de San Renieri. Les Hellènes appelèrent Sirenousai, Sirénuses, des îles que le Poète nommait la Prairie des Sirènes : dans tout le monde grec, nous n’avons aucune de ces Prairies, qui se trouvent fréquemment au pays de la Bible. « Prairie de la Danse, Prairie des Vignes » ; Calypso avait, elle aussi, une Prairie de cette sorte, « la Prairie des Violettes ».

Je ne crois donc pas au rôle d’un Homère-Ulysse. Je crois au travail d’un poète lettré, sachant aussi bien lire qu’écrire et empruntant à une source écrite la matière de ses descriptions et de ses légendes. Cette source lui venait, directement ou indirectement, des Phéniciens :