Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/173

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monts durant deux jours… Nous allons devant durant cinq jours…, etc. ». Les seules mesures de route qu’on trouve dans les Récits sont chiffrées en nombres qui paraissent rituels : semaine des Sémites ou dizaine des Grecs. Exception faite du Pays des Morts, qui est à une journée de Circé, c’est toujours dix journées ou sept journées qui séparent Éole des Lestrygons, Éole d’Ithaque, les Lotophages du Malée, Skylla de Calypso, etc. ; combinant ces deux nombres, Calypso est à dix-sept journées d’Ithaque.

Le Poète ignorait-il les distances réelles entre les étapes de son héros ?

Troisième différence. Le périple d’Hannon est continu : il décrit une côte en partant d’un bout, en finissant à l’autre, et tous les périples et journaux de bord marchent du même pas que les navigateurs, sans interruption, sans échappée, sans autres rebroussements que les erreurs ou les accidents du voyage. Le premier caractère des Récits est au contraire une interruption constante des routes adoptées.

De Cythère, aller aux Lotophages tunisiens d’abord, aux Cyclopes napolitains ensuite, pour rebrousser vers Éole des Lipari, puis voguer une première fois vers Ithaque et la toucher déjà, mais revenir une seconde fois chez Éole, pour sauter aux Lestrygons de Sardaigne, re-