Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/179

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toujours la force, à si longue distance ; on recourt à toutes les sortes de ruses, de tromperies et de mensonges. À peine entrés dans les mers de l’Inde et de la Chine, les Espagnols et les Portugais se plaignent de l’Arabe qui, détenteur du commerce et correspondant ou salarié de Venise, leur suscite en chaque port des ennemis et des embarras. Puis ils se liguent contre les Hollandais qui ont la prétention d’avoir leur part dans le trafic des épices. Ils interdisent, sous peine de mort, à tout navire étranger de prendre la route du Cap de Bonne-Espérance et à tous leurs capitaines et pilotes de renseigner un étranger. Un Hollandais, Corneille Houtman, obtient néanmoins à Lisbonne des renseignements précis sur la route à suivre : aussitôt arrêté et condamné à une lourde amende, il reste en prison jusqu’au jour où des marchands d’Amsterdam lui fournissent le moyen de se libérer. À leur service (1595), il conduit alors une flotte hollandaise par le chemin qu’il avait appris des Portugais. Il la ramène au bout de vingt-huit mois, avec le plus riche chargement. D’autres expéditions hollandaises l’ayant imité avec le même succès, les Espagnols envoient en 1601 une flotte de guerre pour expulser ou supprimer ces concurrents ; elle est vaincue, et les Hollandais installent définitivement leur trafic.