Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/182

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Jusqu’à nous, telle de leurs inventions terrifiantes plane encore sur une région méditerranéenne qu’ils avaient découverte et longtemps monopolisée.

A la côte de notre Tripolitaine, ils avaient installé leurs « Comptoirs », leurs fameux Emporia sur les deux golfes des Syrtes : le trafic de l’hinterland jusqu’au fond du Soudan leur était assuré par ces embarcadères où venaient aboutir les caravanes du désert. Il semble qu’ils aient raconté mille fables sur les dangers de ces Golfes, sur leurs tempêtes terribles, et leurs sables mouvants, qui engloutissaient les bateaux et la vase vorace qui les absorbait, et les mirages du lac Triton. Ces inventions phéniciennes, par les racontars des Grecs et des Romains, ont passé jusqu’à nous. Nos enfants, par leurs professeurs de belles-lettres, les apprennent encore de Salluste.

Serait-ce une anthologie d’aventures véridiques, mais terrifiantes, que le Poète aurait reçues d’une ou de plusieurs mains phéniciennes et qu’il aurait assemblées au gré de sa fantaisie ?…

Sous le désordre apparent des navigations de son héros, peut-être existe-t-il quelque unité profonde.