Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

double Méditerranée ; les rivages du Couchant apparaissaient comme un domaine de notre légalité européenne et de notre civilisation chrétienne, en face de l’islam mécréant, fanatique, barbare, toujours campé sur les rives ottomanes d’Europe, d’Asie et d’Afrique…

Il est beaucoup plus probable qu’à l’Ouest comme à l’Est d’Ithaque, « les pirateries des marins s’ajoutaient à la férocité des indigènes » (ainsi parle Strabon) pour écarter ou troubler les entreprises de commerce, de science et de paix. Les Phéniciens du xiie siècle avant notre ère avaient dû retrouver en Occident ces peuples de la Mer, Tourses, Sagalasses et Shardanes, qu’aux xiiie et xive siècles, ils avaient vus descendre de l’Asie-Mineure vers l’Égypte, en compagnie des Achéens : ces pillards et pirates, chassés du Delta, avaient repris la mer, en compagnie de leurs autres alliés, les Libyens, et, cabotant sans doute au long de la côte Libyque, ils étaient venus s’installer dans ces îles et terres du Couchant, Sicile, Sardaigne et Tyrrhénie de l’âge classique, auxquelles ils semblent avoir imposé leurs noms.

Les documents nous manquent sur les premières navigations des Phéniciens en cette mer ; mais une comparaison s’impose avec l’histoire des marines modernes qui, durant les quatre