Aller au contenu

Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ments que de pierre, d’os ou de bois. « Le pays, très agréable et très peuplé, abonde en cochons, en volailles, en fruits et végétaux de nombreuses sortes », dont la reine envoie de grands cadeaux à nos gens.

L’heureux canonnier passe chez elle ses jours et ses nuits. Elle le comble de cochons et de fruits. « Elle exprime sa douleur par un torrent de larmes et demeure quelque temps sans proférer une parole, quand elle apprend que le vaisseau va reprendre la mer ». Elle vient à bord supplier que l’on reste dix jours encore et que l’on revienne dans trente :

Elle resta à bord jusqu’à la nuit, et ce fut avec beaucoup de peine qu’on parvint à la déterminer à retourner à terre. Lorsqu’on lui dit que son bateau était prêt, elle se jeta sur un fauteuil et pleura pendant longtemps avec tant de sensibilité que rien ne pouvait la calmer : à la fin cependant, elle entra dans son bateau avec beaucoup de répugnance, accompagnée des gens de sa suite.

Cette inconsolable Calypso ne peut pas encore se résigner. Le lendemain, elle revient à bord : « l’agitation où elle était l’empêchait de parler et sa douleur se répandait en larmes ». L’ancre est levée ; la brise emplit les voiles :

Dès qu’elle s’aperçut qu’elle devait absolument retourner dans sa pirogue, elle nous embrassa de la