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Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/207

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peuplent le ciel, — l’étoile auprès du disque solaire et du croissant géminés, — proclament l’origine phénicienne de cette représentation, que les plus vieux Hellènes de Sicile et de Grande Grèce n’ont fait que copier. Si l’on en juge par le nombre des intailles qui nous sont parvenues, le sujet devait grandement plaire à la clientèle : les communautés helléniques du Couchant avaient adopté cette légende hérakléenne, que les Hellènes du Levant semblent avoir peu connue… Or, le poète odysséen a mis dans le ciel d’Ulysse la même astronomie phénicienne : « Les Sidoniens, — dit Strabon, — furent les premiers à se servir de l’Ourse pour la navigation ; c’est d’eux que les Hellènes apprirent cette méthode ».

Ulysse a quitté l’île de Calypso. Son radeau vogue vers Ithaque, poussé par un vent d’Ouest favorable :

Assis près de la barre, en maître, il gouvernait : sans que jamais un somme tombât sur ses paupières, son œil fixait les Pléiades et le Bouvier, qui se couche si tard, et l’Ourse qu’on appelle aussi le Chariot…

En face de l’île de Calypso, se dressait le rocher où les Arabes plantèrent plus tard la forteresse de Gibraltar : il s’appelait dans l’antiquité la Cruche, kalpé ; la Ville d’Héraklès, Hérakleia Karteia, s’élevait non loin de là.