Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/230

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Dans notre Odyssée actuelle, le Voyage de Télémaque occupe les chants II, III, IV et le début du chant XV ;les Récits chez Alkinoos occupent les chants V-XII et le début du chant XIII ;la Vengeance d’Ulysse remplit enfin la seconde moitié de ce chant XIII, les chants XIV-XXII et le début du chant XXIII. Les Anciens savaient qu’à n’en pas douter, le vers 296 du chant XXIII était « la fin de l’Odyssée », — disaient-ils, — et qu’au delà, les vers 297-372 du chant XXIII et tout le chant XXIV étaient un ouvrage adventice, qui fut ajouté comme Épilogue à la « Poésie » et gonflé, par la suite, d’interpolations grossières. Les Modernes ont démontré que le chant premier fut ajouté de pareille façon, pour servir de Prologue et comme de fronton ou de vestibule à la bâtisse unitaire.

J’attribue une valeur toute différente à chacun de ces poèmes : les Récits me semblent le chef-d’œuvre dramatique le plus complet dont les Hellènes aient doté les âges ; le Voyage est l’ouvrage d’un poète de second ordre, œuvre alerte, élégante, spirituelle, où sont employées avec adresse toutes les recettes du métier ; la Vengeance n’est le travail que d’un versificateur, élève habile des maîtres, mais sans grande originalité. Ces trois drames, débarrassés des interpolations qui les surchargent, semblent de