Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/248

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Mélanthos et, par là, Pylien d’origine, qu’il se rattachât ainsi à la vieille famille de Nestor et de Nélée, aux héros achéens, aux « fils de dieux », aux « nourrissons de Zeus », dont l’Iliade et les épopées guerrières chantaient la gloire : c’est ici que la vanité locale et la flatterie entrèrent, je crois, en jeu.

Les drames odysséens n’ont rien d’une poésie populaire. Ils sont l’œuvre réfléchie et savante d’écrivains de métier. Ils supposent l’écriture et même trahissent, par certains mots, la recherche de « l’écriture », comme nous disons, — de l’artifice littéraire. Ils sont éclos, non parmi la grossièreté de la populace, mais dans le raffinement poli de quelque cour. Le Voyage de Télémaque m’apparaît comme l’œuvre d’un aède courtisan, — je dirais presque : d’un poète-lauréat, — des royautés néléides.

Ce n’est pas que, dans la tradition, il n’y eût aucune part de vérité ni, parmi les colons, aucun Pylien ou descendant de Pyliens authentiques. J’admettrais, au contraire, que les Pyliens avaient la majorité ou, du moins, l’influence et que, parmi les Athéniens et autres émigrés, adorateurs d’Athéna, ce sont eux qui ont fait prédominer le culte de Posidon : Néleus de Milet avait dressé l’autel de ce dieu sur le cap des Milésiens. Aux bouches du Méandre, ce Posidion était dans la même situation que le