Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/25

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Cette théorie de Villoison arrive juste au moment où la découverte de Tahiti et la publication d’Ossian (1760-1770) viennent de faire entrer dans l’étude des littératures les idées de J.-J. Rousseau et de Diderot : on croit à la prééminence des humanités primitives et de la vertu populaire sur les civilisations corruptrices ; il est entendu que l’humanité a traversé un « âge poétique », où elle ignorait l’écriture, mais chantait ses héros, comme l’oiseau chante le printemps ; les poètes primitifs ne sont que la « voix de leur peuple » ; les vieilles épopées surtout sont les œuvres anonymes du génie populaire ; ce n’est pas Homère, c’est le peuple ionien qui, par ses mille voix, a composé l’Iliade et l’Odyssée.

XIXe siècle. — Période germanique. Les Prolegomena ad Homerum de Fr.-Aug. Wolf répandent en Allemagne ces idées françaises : l’école « historique » ou « critique » les adopte ; l’école « esthétique » les combat et, restée fidèle à la tradition gréco-romaine, continue de saluer en Homère le prince des poètes, le seul créateur des deux Poésies et de tous leurs épisodes. Jusqu’en 1890, environ, les critiques l’emportent sur les esthètes. À partir de 1890, un renouveau de la foi unitaire veut rendre au Poète ses ouvrages et sa gloire.