Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/42

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coursier de trait et de charrerie, le char étant la plus noble acquisition qu’aient faite l’Égypte des Pharaons, par l’entremise du monde syro-arabe, et la Grèce des Égéens et des Pélasges, par l’intermédiaire de l’Égypte ou de la Phénicie.

Établis depuis plusieurs générations en pays civilisé, ces « fils d’Achéens » ont été pris par leur conquête ; ils en continuent les usages et les arts ; ce ne sont plus les Francs de Clovis ; ce sont les Français de Louis IX ou, du moins, de la Chanson de Roland : ils ont adapté à leurs goûts et à leurs besoins l’héritage des civilisations antérieures.

L’étude de leurs royaumes, de leurs mœurs, de leur société et de leurs manoirs nous montre en eux, non plus une horde de barbares, mais une hiérarchie de gentilshommes, vassaux et suzerains, qui, liés par des intérêts solidaires et des traditions de famille, le sont aussi quelque peu par le sentiment d’un devoir commun envers la race et la terre achéennes ; la bonne et douce Argos (c’est le nom qu’ils donnent à tout notre Péloponnèse), « nourricière des chevaux » et des chevaliers, leur est devenue une patrie : sous Ilion, ils ne vont plus seulement au pillage, à la rafle du butin et des captives ; ils sont au service de la nation, si l’on peut dire, et presque à la croisade.