Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/50

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ravitaillement pour l’Égypte : ils ont découvert dans la mer du Couchant et ils exploitent, au fond de notre Méditerranée barbaresque et hispanique, cette Libye dont parle Ulysse et cette Tarsis ou Tartessos, qui jouit d’une telle renommée dans les annales de Salomon et dans les histoires d’Hérodote.

Dès la fin du xiie siècle, — deux cent cinquante ans avant Homère, — les Phéniciens avaient fondé leurs deux grandes colonies de l’Occident : Utique en Libye, aux bouches de la Medjerdah tunisienne, et Gadès en Tartessos, au voisinage du Guadalquivir espagnol. Utique, enlisée par les boues du fleuve, fut remplacée, trois siècles plus tard, par la « Ville Neuve », Carthage ; Cadix occupe toujours les flots de Gadès, et sa cathédrale de Notre-Dame des Eaux est bâtie sur les ruines du temple de Melkart ; ce dieu de Tyr y avait sa source miraculeuse.

La Méditerranée tout entière, jusqu’au fond du Couchant, était donc familière déjà aux marins de Tyr-Sidon qui, pour ce trafic lointain, avaient leurs grands « vaisseaux de Tarsis », dont parle la Bible. Mais leur domaine maritime semble avoir eu désormais deux provinces commerciales. Ils avaient le monopole absolu dans les eaux du Couchant qu’ils exploitaient en maîtres uniques, au delà de Malte, leur