Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
La royauté n’avait pas échappé à leurs atteintes. Les littérateurs se moquaient des soldats en vers et en prose : les caricaturistes parodiaient les combats et les scènes triomphales. Le Pharaon de tous les rats, juché sur un char traîné par des chiens, charge à fond une armée de chats ; il les crible de ses traits, dans l’attitude héroïque d’un conquérant, et, devant lui, ses légions attaquent un fort défendu par des matous, du même entrain dont les bataillons des Pharaons réels montaient à l’assaut des citadelles syriennes…

Les phoques, dont la Méditerranée actuelle n’a conservé que de rares et petits survivants, y étaient alors aussi fréquents et d’aussi forte taille que dans les eaux de nos mers polaires.

Le conte du Roi Khoufoui et les Magiciens, mettait en scène un certain Didi qui, grâce aux livres de Thot, se faisait suivre des lions à travers le pays, comme notre Proteus se fait suivre des phoques. Dans tous les autres contes pharaoniques, les arts de la magie permettent à l’homme de lier et de délier la personne ou la volonté des dieux et de retenir leur puissance captive. C’est l’opération qu’Idothée conseille à Ménélas envers le dieu Proteus, car Prouti-Pharaon est un dieu, fils de dieu, et Ménélas s’engage en cette aventure « bien qu’il soit malaisé pour un simple mortel de mettre au joug un dieu ». Toutes les ruses et métamorphoses de Protée se retrouvent dans un autre conte