Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/94

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voit arriver, dans son île déserte, le navire qui le ramènera. Il court annoncer la nouvelle au Grand Serpent barbu qui l’a sauvé et qui lui a prédit l’avenir : « Voici, lui avait dit ce bon Serpent, voici que tu demeureras quatre mois dans cette île, puis un navire viendra de ton pays avec des matelots : tu pourras rentrer avec eux dans ta patrie et tu mourras dans ta ville. Oui, si tu es fort et patient, tu presseras tes enfants sur ta poitrine et tu embrasseras ta femme ; tu reverras ta maison, qui vaut mieux que tout ; tu atteindras ton pays et tu seras au milieu des gens de ta famille »…

Le devin Tirésias tient-il à Ulysse un autre langage ?…

Et quand le naufragé voit arriver le vaisseau, le Grand Serpent lui dit : « Bon voyage, bon voyage vers ta demeure, petit. Voici que tu arriveras dans ton pays après deux mois, tu presseras tes enfants sur ta poitrine et tu iras te rajeunir dans ton tombeau »…

C’est une prédiction analogue que Proteus fait à Ménélas :

Quant à toi, Ménélas, ô nourrisson de Zeus, sache que le destin ne te réserve pas, d’après le sort commun, de mourir en Argos, dans tes prés d’élevage ; mais aux Champs Élysées, tout au bout de la terre, les dieux t’emmèneront chez le blond Rhadamanthe, où la plus douce vie est offerte aux humains, où sans neige, sans