Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/96

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Prouti vient le respirer à l’heure la plus chaude du jour, et les morts jouissent tout le temps de sa fraîche haleine. Mais en Grèce, le vent du Nord-Ouest est aussi désagréable, pénible et énervant que notre mistral sur les côtes de Provence. Ce « zéphyr à la triste haleine », — dit le Poète lui-même, — gémit, hurle sur la mer et amène les ouragans et la pluie : « Le mistral ou maestro, — disaient nos vieux Portulans, — est ainsi nommé parce qu’il est le vent le plus violent, le plus tyrannique de la Méditerranée »…

Seul, un emprunt aux modes et littérature de l’Égypte a pu faire du mistral le suprême agrément d’un paradis hellénique.

Dire cependant que, depuis vingt-cinq siècles, le « désagréable zéphyr » (ainsi parle sagement le poète odysséen) est devenu, dans toutes les littératures occidentales, disciples de la Grèce, le vent des tendres soupirs, du bonheur tranquille et de l’amour !

Un dernier détail me semble la plus certaine de ces marques d’origine. Protée se change tour à tour en lion à crinière, en panthère, en porc géant, en eau courante, en grand arbre à panache. Que vient faire ce gros porc en cette énumération terrible ?… Il est un animal du Nil qui figure dans les contes et dans les cultes égyptiens : c’est l’hippopotame, que les sujets