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Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/109

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en relief, en mieux marquer le mouvement et le caractère.

Nous avons peut-être un souvenir et comme un témoin de cette récitation antique dans la liturgie chrétienne et la lecture à haute voix de certains dialogues des Évangiles, où le prêtre indique par les inflexions et la hauteur de la voix les changements d’interlocuteurs. L’Église hérita peut-être, à travers les grammairiens gréco-romains, de cette « lecture scénique », dont les disciples de Denys le Thrace nous ont conservé les règles.

On imagine sans peine comment l’auditoire, de son côté, regagnait en clarté et en sécurité ce qu’il perdait en variété de métrique et de vocabulaire. Certains rappels étaient là pour l’empêcher de s’égarer ou pour le remettre en bonne voie, s’il avait eu un moment de distraction ou d’incompréhension. La monotonie même de certaines formules l’avertissait fermement, sans que jamais son oreille pût s’y tromper.

Le Poète, en effet, donne à chaque personnage comme un leitmotiv d’entrée, où les noms, qualités et origine de chacun sont énumérés et parfois répétés :

Le vieux maître des chars, Nestor, prit la parole...
Eurymaque, un des fils de Polybe, intervint...
Antinoos, un fils d’Eupithès, s’écria...