Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a acquis la même maturité pleine, la même plasticité et toute la souplesse, qui caractérisaient le grand vers récité d’Ionie voici plus de vingt-cinq siècles.

À fréquenter quotidiennement les héros de l’Iliade et de l’Odyssée, on s’étonne chaque jour davantage qu’en parlant toujours par vers de six pieds doubles, en vivant toujours en vers de six pieds, ils ne créent presque jamais autour d’eux une atmosphère et un ronron de monotonie, — surtout quand on mesure combien leur vocabulaire est restreint, combien les « mots d’auteur » y sont rares et combien les mêmes personnages et les mêmes objets ramènent les mêmes épithètes et les mêmes formules pour nous décrire les mêmes événements...

La raison principale de ce privilège est la variété de l’hexamètre épique dans le nombre et la coupe de ses syllabes : le vers homérique peut avoir de treize à dix-sept syllabes et trois, quatre et cinq sortes de coupes.

Notre alexandrin classique, strictement limité par la rime, ne comportait pas, d’ordinaire, ces extensions et compressions de « grandeur métrique », suivant le mot des Anciens ; l’enjambement n’était pour lui qu’une figure de rhétorique et presque une licence de prosodie ; l’alexandrin régulier n’avait que