Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/140

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périodes épiques dont un seul vers parfois était le contenant, que quatre ou cinq vers, ailleurs, et dix et douze vers, ailleurs encore, n’arrivaient pas à étaler, alors que trois quarts de vers, un demi-vers, un quart de vers parfois suffisaient. Ils vantaient cette variété et cette habileté de rangement « tactique » dans la succession et la longueur des phrases. La fin du discours de Pénélope à Antinoos au chant XVI (vers 431-432), était célèbre par ses quatre phrases en deux hexamètres, avec la beauté supplémentaire de trois assonances. Par contre, au chant III (vers 103-108), il faut six vers au vieux Nestor pour sa première phrase ; encore n’est-elle que suspendue et les Anciens comptaient six vers encore (109-114) avant la vraie fin :

Nestor. — Puisque tu viens, ami, d’évoquer la misère qu’au pays de là-bas, nous avons endurée, et l’obstination de nos fils d’Achaïe, et tant d’embarquements dans la brume des mers pour croiser et piller au premier mot d’Achille, et tant de longs combats pour assaillir la grand’ville du roi Priam ! là-bas ont succombé les meilleurs de nos gens : oui ! c’est là-bas que gît Ajax, cet autre Arès ! là-bas que gît Achille ! là-bas que gît Patrocle, un dieu par la sagesse à l’heure du conseil !… et là-bas gît aussi mon fils, mon intrépide et robuste Antiloque, le roi de nos coureurs et de nos combattants !… car nous