Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/17

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d’Ilion, sous le nom d’Iliade, et geste d’Ulysse, sous le nom d’Odyssée. Ce sont eux ensuite qui ont tranché dans chacun de ces recueils les XXIV chapitres qu’à grand tort, nous appelons « chants ». Et ce sont eux encore qui ont admis dans leur texte officiel les 15693 vers de notre Iliade et les 12110 vers de notre Odyssée, alors que plusieurs milliers de ces vers leur semblaient à eux-mêmes ou de « bâtardise » certaine ou d’authenticité douteuse.

Cette triple opération des Alexandrins a eu des conséquences durables et puissantes sur les études homériques et sur la connaissance que nous croyons avoir du Poète, mais, bien plus encore, sur les conceptions et les productions littéraires de tout l’Occident.

A l’école des Alexandrins, Virgile crut faire de l’Homère, quand, mêlant aux combats de l’Iliade les aventures de l’Odyssée, il fit gémir son pieux Énée au long de 10.000 vers, puis trancha cette belle histoire en une simple douzaine, non plus en deux douzaines de « livres ». À l’imitation de Virgile, tous les peuples romanisés, qui ont fabriqué, depuis dix-neuf siècles, leurs interminables et fastidieuses épopées unitaires, Pharsale, Divine Comédie, Jérusalem délivrée, Franciade, Paradis perdu, Henriade, etc., etc., ont cru suivre le modèle homérique.