Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/188

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Pareille tirade peut soulever le gros rire de la foule. Mais voit-on, dans ce manoir d’un roi, où il doit ménager l’opinion et la politesse de ses hôtes, Ulysse le naufragé se taper ainsi sur la panse, puis continuer de souper, quand Alkinoos lui-même vient de dire : « Le repas est fini : qu’on rentre se coucher ! »… ?

Autre « tripe » au chant XVII, Ulysse arrive en son propre manoir, conduit par le porcher. Eumée lui donne les derniers conseils. Ulysse répond :

Ulysse. — Je comprends ; j’ai saisi ; j’avais prévu l’invite. Prends les devants ; c’est moi qui resterai derrière : qu’importent les volées et les coups ? j’y suis fait [ : mon cœur est endurant ; j’ai déjà tant souffert au combat ou sur mer ; s’il me faut un surcroît de peines, qu’il me vienne ! Il faut bien obéir à ce ventre odieux, qui nous vaut tant de maux : c’est lui qui fait partir et vaisseaux et rameurs pour piller l’ennemi sur la mer inféconde].

Les vers entre crochets, sont le plus maladroit des centons et que dire du geste qui devait accompagner « ce ventre odieux » ?

Le même chant XVII contient une troisième tirade qui, de même qualité, est, sans doute, de la même main. Ulysse vient d’être frappé par le chef des prétendants Antinoos :

Ulysse. — Deux mots, ô prétendants de la plus noble reine ! Voici ce que mon cœur me dicte en ma