Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/19

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de Phidias. Au temps de Chateaubriand, ce Parthénon méconnu avait pour rivale triomphante dans l’estime des connaisseurs la grossière Tour des Vents. Personne aujourd’hui ne risquerait de mettre en parallèle, ni surtout en parenté, le Colisée géant et le théâtre athénien de Dionysos. Mais c’est par le Colisée de l’Énéide, par cette énorme « fabrique » romaine, que l’on nous apprend encore à juger de l’Iliade et de l’Odyssée.

Il faut chercher et reconstituer l’Homère primitif à travers et par delà l’Homère des Alexandrins. Ces « Critiques » du iiie siècle ont dressé et servi l’épos suivant leur propre goût et selon la demande de leurs contemporains. Ils se piquaient de poésie ; c’étaient d’assez bons versificateurs ; mais c’étaient avant tout des érudits ; leur charge principale était de conserver, compléter et administrer la Bibliothèque royale, dont les Ptolémées avait doté leur capitale. Ces gardiens de livres furent préoccupés d’organiser les œuvres d’Homère pour en rendre le rangement et la garde plus commode dans leur Bibliothèque, pour faciliter aussi les renvois aux Mémoires et aux Commentaires, dont ils accompagnaient leurs éditions savantes, et pour donner enfin aux copistes et libraires du monde nouveau le modèle canonique et complet du livre d’étude