Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/190

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Télémaque. — Vieux frère, écoute-moi, je vais rentrer en ville me montrer à ma mère ; je la connais ; je sais que ses cris lamentables, ses sanglots et ses pleurs ne trouveront de fin qu’après m’avoir revu. Mais toi, voici mes ordres : pour mendier son pain, amène-nous là-bas notre pauvre étranger ; lui donne qui voudra ou la croûte ou la tasse ; j’ai déjà trop d’ennuis ; je ne puis me charger de tout le genre humain…

A ces appels au gros rire, les rhapsodes populaires ont ajouté des étalages de gros luxe et quelques sermons de grosse sagesse.

Les Commentateurs admiraient tour à tour, avec une égale ferveur, la simplicité et la recherche, aussi bien de la « vie héroïque », — comme ils disaient, — que du style homérique. Les héros du sang le plus royal, au siège même de leur royauté, vivent en travaillant, en se mettant aux besognes les plus ordinaires, attelant, dételant et conduisant leurs chars, construisant et manœuvrant leurs vaisseaux, cuisinant et ramant. Ils sont vêtus de tissus lavables, dont la propreté, et non pas l’or, est la parure ; leurs filles, sans dédaigner les autres travaux domestiques, lavent ces vêtements au fleuve.

Le Poète, lui aussi, dans tout l’éclat de sa majesté et l’exercice de sa puissance, reste simple : sa Muse se met à toutes les descriptions de la vie courante. Son style n’est point